Le terme frigidité de nos jours est un terme qui fait référence, dans le langage courant,à une absence ou une diminution de plaisir pendant les rapports sexuels ou parfois à une insatisfaction sexuelle chez la femme.
Dans ce cadre, la frigidité peut donc correspondre à :
• Une absence d’orgasme (ou anorgasmie)
• Un manque de désir sexuel
• Baisse de la libido.
Cette fiche sera donc consacrée plus spécifiquement à l’anorgasmie chez la femme.
L’anorgasmie existe également chez l’homme, mais elle est plus rare.
On distingue tout d’abord :
• L’anorgasmie primaire : la femme n’a jamais eu d’orgasme.
• L’anorgasmie secondaire ou acquise : la femme a déjà eu des orgasmes, mais n’en a plus.
On peut aussi différencier :
• l’anorgasmie totale : la femme n’a jamais d’orgasme par masturbation, ni en couple, et pas d’orgasme déclenché par les stimulations clitoridiennes, ni vaginales.
• l’anorgasmie en couple où la femme peut obtenir seule des orgasmes, mais pas en présence de son partenaire.
• l’anorgasmie coïtale : la femme n’a pas d’orgasme lors des mouvements de va-et-vient du pénis dans le vagin, mais elle peut obtenir des orgasmes par stimulation clitoridienne seule ou avec son partenaire.
Enfin, l’anorgasmie peut être systématique ou survenir uniquement dans certaines situations : on parle d'anorgasmie situationnelle.
Il faut toutefois souligner que l’absence ou la rareté des orgasmes n’est aucunement une maladie ou une anomalie. Cela ne devient problématique que si cela constitue une gêne pour la femme ou le couple.
II- Qui est touché ?
- L’orgasme clitoridien est connu de plus de 90 % des femmes, même s’il n’est pas forcément systématique au début de la vie sexuelle et demande un temps de découverte aux femmes qui n’ont pas pratiqué la masturbation avant leur première relation sexuelle.
- L’orgasme vaginal est plus rare, puisque seul un tiers des femmes environ l’éprouve. Il est déclenché par les seuls mouvements de va-et-vient du pénis.
- Un autre tiers des femmes obtient un orgasme dit vaginal seulement si leur clitoris est stimulé au même moment. Et un tiers des femmes n’expérimente jamais l’orgasme vaginal.
Autrement dit, l’organe de l’orgasme féminin est le clitoris, bien plus que le vagin.
On sait qu’en moyenne, les femmes ont un orgasme une fois sur deux au cours des relations sexuelles sachant que certaines sont « polyorgasmiques » (environ 10 % des femmes) et peuvent enchaîner plusieurs orgasmes, alors que d’autres en ont plus rarement, sans forcément se sentir frustrées. En effet, plaisir n’est pas synonyme d’orgasme.
Les Causes
Les causes de l’anorgasmie sont donc elles aussi complexes.
La capacité d’une femme à atteindre l’orgasme dépend notamment :
- de son âge, Les femmes les plus jeunes ont davantage de difficultés à atteindre l’orgasme, que ce soit durant un rapport ou par masturbation, que les femmes plus expérimentées. Cependant, autour de la ménopause et après, les changements hormonaux peuvent avoir une influence sur la sexualité, faire baisser le désir et augmenter le risque de douleurs lors des rapports dyspareunie) et d’anorgasmie.
- un faible niveau d’éducation. Les femmes les plus éduquées ont plus de facilités à atteindre l’orgasme, surtout par masturbation, que les femmes n’ayant pas fait beaucoup d’études
- les personnes très religieuses souffrent plus souvent de troubles de l’orgasme, en raison d’une vision moins « libérée » et déculpabilisée de la sexualité, la culpabilité, « saleté », etc
- la peur d’une grossesse ou des maladies transmissibles sexuellement peut également altérer le plaisir
- être malheureuse dans son couple ou dans sa vie a évidemment une influence négative sur la capacité à avoir des orgasmes
- L’expérience et les habiletés sexuelles du partenaire. Un partenaire peu attentif ou égoïste ne s’occupant pas du plaisir de sa partenaire ou ne sachant pas comment éveiller son plaisir.
- La consommation de drogues ou d’alcool
- La connaissance qu’a la femme de son propre corps,
- Des antécédents de traumatisme sexuel (viol, inceste…)
- Des troubles dépressifs ou anxieux
- La prise de certains médicaments (notamment antidépresseurs ou antipsychotiques qui peuvent retarder l’orgasme)
- Des difficultés de couple
- Une maladie sous-jacente (blessure médullaire, sclérose en plaques…)
- Certaines périodes de la vie, s’accompagnant de bouleversements hormonaux, en particulier la grossesse et la ménopause.
- etc......
Au début de la vie sexuelle, il est parfaitement normal de ne pas obtenir d’orgasme, le fonctionnement sexuel ayant besoin d’un temps d’apprentissage et d’adaptation parfois relativement long.
La grossesse, surtout pendant le deuxième trimestre, peut aussi se révéler très favorable à la sexualité féminine et en particulier à l’orgasme. Ce moment est parfois nommé « la lune de miel de la grossesse » et l’on sait que certaines femmes découvrent leur premier orgasme pendant une grossesse, souvent au deuxième trimestre.
Les Symptômes
Cette situation peut entraîner des symptômes tels que frustration, détresse psychologique, gêne, dépression…
Ne pas atteindre l’orgasme lors de chaque rapport n’est toutefois pas « anormal », au contraire, le sentiment d’insatisfaction sexuelle dépend évidemment des attentes qu’a chaque femme vis-à-vis de sa sexualité.
Une femme qui peut atteindre l’orgasme en se masturbant mais pas durant un rapport, par exemple, ne souffre pas de « troubles de l’orgasme ».
Traitements médicaux
Il n’existe pas à ce jour de traitement médical permettant d’aider les femmes souffrant d’anorgasmie. De nombreuses recherches sont toutefois en cours pour tenter de mettre au point des traitements efficaces sur la libido et le plaisir féminins.
Le traitement de l’anorgasmie, lorsque celle-ci est perçue comme problématique par la femme ou le couple, repose donc pour l’instant sur des mesures psychologiques et comportementales.
Une consultation auprès d’un sexologue ou d’un sexothérapeute permettra de faire le point sur la situation et sur les éventuelles mesures à prendre.
a- La sexothérapie
La sexothérapie consiste tout d’abord à pratiquer la musculation du périnée. Il s’agit des mêmes exercices que ceux recommandés aux femmes après un accouchement pour retrouver une bonne musculature périnéale.
Pour les femmes souffrant d’une anorgasmie totale, l’accent est mis sur la recherche de l’orgasme clitoridien, plus facile à atteindre, seules ou avec leur partenaire.
b- Thérapie cognitive et comportementale
La thérapie cognitive et comportementale destinée à traiter l’anorgasmie vise notamment à réduire l’anxiété liée à la sexualité, à augmenter le lâcher prise dans l’intimité, et à proposer de pratiquer certains exercices, notamment des exercices d’exploration corporelle et éventuellement de masturbation.
L’objectif est de se réapproprier son corps jusqu’à tenter d’atteindre l’orgasme seule, avec différentes « techniques », en identifiant les zones et les gestes les plus aptes à procurer du plaisir.
L’idée est d’éliminer toute anxiété liée à la présence du partenaire comme l'angoisse de performance, notamment.